22 février 2013

Tu quoque mi fili

Signification : Tu quoque mi fili signifie "Toi aussi mon fils", en latin.

Origine : Ces mots ont été prononcés par César lorsqu'il vit son fils adoptif, Brutus, participer à son assassinat. Ce que l'on sait moins, c'est que César n'a jamais prononcé cette phrase en latin, mais...en grec!

Suétone dans "La Vie des douze Césars",cite César en grec dans son texte latin : "καὶ σὺ τέκνον". Il a été repris par Dion Cassius (155—229), qui lui, cite César en grec, dans un texte grec. C'est l'abbé Charles François Lhomond, en 1779 qui, dans "De viris illustribus urbis Romæ a Romulo ad Augustum", écrit : "Quum Marcum Brutum, quem loco filii habebat, in se irruentem vidisset, dixit : "Tu quoque fili mi !" » (« Quand il vit Marcus Brutus, qu'il traitait comme son fils, se précipiter sur lui, il dit : "Toi aussi, mon fils !").

Pourquoi César s'exprime-t-il en grec et non en latin? Il faut savoir que tous les Romains de classe supérieure étaient éduqués en grec ancien et non en latin. En s'exprimant ainsi au moment de sa mort, César a retrouvé spontanément la langue de son enfance

Analyse : Le sens de cette phrase fait encore débat aujourd'hui.Plusieurs théories ont vu le jour.

- L'explication "classique" serait que César s'adresse à son fils adoptif pour lui signifier sa surprise de le retrouver là, ainsi que son reproche : "Toi aussi, fils indigne, tu es parmi les traîtres."

- Une autre explication serait que César, déjà affaibli par l'âge et la maladie, se serait adressé à Brutus de cette façon afin de lui signifier, en forme de prophétie "Toi aussi, mon fils, tu seras affaibli l'on te trahira et tu mourras dans le sang et la violence".

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Signification :
Personne n'aime la douleur en elle-même, ne la recherche et ne la souhaite, tout simplement parce qu'il s'agit de la douleur.

Origine : On trouve cette phrase dans le « De Finibus Bonorum et Malorum » (« Des termes extrêmes des biens et des maux ») appelé aussi « de Finibus » de Cicéron, écrit en 45 av. J.-C. Cette œuvre rédigée en cinq livres est un traité sur la théorie de l'éthique, et fut très populaire pendant la Renaissance. C'est d'ailleurs un typographe du XVIème siècle qui a utilisé une partie de ce texte en enlevant des lettres et des mots, pour générer des faux-textes "Lorem ipsum" qui sont encore très largement utilisés aujourd'hui notamment chez les développeurs de pages web et chez les designeurs

Analyse : Derrière cette phrase apparemment évidente se cache une vérité philosophique profonde à mille lieux de la morale judéo-chrétienne qui naîtra plus tard, et qui placera la douleur comme une vertu, la souffrance dans la chair permettant d'être plus proche du Christ. Beaucoup plus tard, Nietszche dira d'ailleurs :

Ce qui ne tue pas rend plus fort
, et qui va dans le même sens : toute douleur est bonne à prendre, car elle est source d'apprentissage.

18 février 2013

Si hortum in bibliotheca habes, deerit nihil

Signification en Français : «Si tu as une bibliothèque qui donne sur un jardin, que peux-tu souhaiter d'autre?»

Origine : Cette jolie phrase est attribuée à Cicéron, dans "Epistulae ad familiares, IX, 4,1", qui sont des lettres de Cicéron à ses amis. La phrase est tirée d'une conversation épistolaire avec son ami Terentius Varro (Varron, en Français).

Analyse : Ce qui frappe dans cette question réthorique, c'est sa limpidité, et sa capacité à être lue au sens propre comme au figuré. La lecture, comme la nature, peuvent à elles seules permettre notre accomplissement. Autant faut-il savoir en profiter correctement.
Le "jardin" nous ancre dans la réalité, dans l'expérience vécue, dans la beauté "éveillée", tandis que la lecture nous permet de nous évader, de libérer notre imagination, sans limite, de voyager par la pensée, d'accéder à la connaissance. Les deux nourrissent l'esprit et le corps, et si l'on ne devait garder que deux choses réellement importantes, ce seraient celles-là.
Cicéron nous invite également à penser que le bonheur est à la portée de main de tous, car la bibliothèque et le jardin ne sont pas "inaccessibles", et nous montre par là-même qu'il est vain de chercher le bonheur dans la futilité. C'est une philosophie du bonheur, en somme.
Enfin, pour compléter l'analyse et répondre à ceux qui diraient que cette philosophie est très "casanière", puisqu'il n'est nul question de relations humaines, et que l'on pourrait penser que Cicéron invite à un repli sur soi, on pourrait rétorquer que le "jardin" peut aussi être entendu comme un espace où le philosophe peut converser et débattre avec ses "amis" comme le faisaient les philosophes du temps de Platon, dans l'Académie.
Chacun peut donc voir dans cette citation ce qui lui convient, et c'est toute sa force.




14 février 2013

Credo quia absurdum

Signification en Français : Je crois parce que c'est absurde
Origine : Cette aphorisme est attribué à tort à Tertullien (parfois à Saint Augustin). En fait, il s'agit d'une citation apocryphe, c'est-à-dire dont on ne connaît pas l'auteur. Son succès vient de son côté slogan, court et efficace et du paradoxe qu'il dégage. Toutefois, la vraie phrase, de Tertullien, et trop souvent souvent mal citée, est

Crucifixus est Dei Filius: non pudet quia pudendum est; et mortuus est Dei Filius: prorsus credibile est, quia ineptum est; et sepultus resurrexit: certum est, quia impossibile.
, que l'on pourrait traduire en :
Le fils de Dieu a été crucifié : je n'en rougis point, parce que cela est un sujet honteux. Le fils de Dieu est mort : il faut le croire, parce que cela est insensé. Le fils de Dieu mort est ressucité : cela est certain, parce que cela est impossible.
Analyse : Tertullien rapporte les propos entre un philosophe paien, Marcion, qui ne pouvait supporter la contradiction qu'il y ait un lien entre la grandeur divine et la naissance, la souffrance sur la Croix. Pour lui, il était impensable que de telles notions contradictoires puissent se rencontrer, et remettait en cause les écrits, la souffrance du Christ, son humanité-même, et donc toute la base de la religion catholique par conséquent. Tertullien lui rétorque la phrase que nous analysons ici. Par là-même, il veut montrer qu'il est bien trop facile de remettre Dieu en question sous le prétexte que certaines choses dépassent le raisonnement humain. Mais si cela est impossible pour l'homme, cela n'est pas impossible si l'on a la foi. C'est précisément la foi qui précède la raison, et non la foi qui est une conséquence d'un raisonnement. Et comme le dit Saint Paul : "Dieu a choisi ce qui paraît une folie pour confondre la sagesse des hommes". La foi est l'acceptation volontaire et assumée de son ignorance.


Ex malo bonum

Signification en Français : Du mal peut sortir un bien

Origine : L'expression trouve sa source dans les lettres à Lucilius (87:22), de Sénèque, qui affirmait l'aphorisme suivant : "Bonum ex malo non fit" : Du mal ne peut sortir un bien. Saint Augustin, dans le sermon 61, contredit cette position

Analyse : Saint Augustin estime que toute rédemption est possible pour les pécheurs, pour les "égarés". En ce sens, il appelle à la miséricorde, à la patience envers ceux qui ne suivent pas le droit chemin. En effet, Dieu lui-même accorde de la patience envers les pécheurs, car il ne les frappe pas systèmatiquement dès qu'ils commettent une faute, leur laissant le temps de prendre conscience du mal qu'ils ont réalisé, et d'accomplir leur rédemption. Comme il le dit :

« Que la clémence de Dieu, qui épargne les méchants, vous serve à obtenir miséricorde; car si vous êtes bon, peut-être l'êtes-vous devenu après avoir été mauvais... Parce que déjà vous l'avez franchie, il ne faut pas pour cela fermer la porte de la clémence »